Forban ! by Heliot Johan

Auteur:Heliot, Johan [Heliot, Johan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Alexia avait vraiment l’impression de s’avancer au milieu de la forêt tropicale. Une telle densité de végétation avait évidemment ses avantages, dont le moindre n’était pas de dissimuler à la vue d’éventuels voisins trop curieux les activités du propriétaire des lieux. Elle permettait en outre à des visiteurs non sollicités de s’approcher de la villa sans se faire remarquer.

De furieux aboiements s’élevèrent soudain à quelques mètres de là. Au temps pour l’arrivée discrète, pensa Alexia en tirant son pistolet de sa ceinture. Elle aurait dû se douter que don Oviedo protégeait sa demeure autrement qu’en la rendant invisible depuis la rue. Elle n’aimait pas s’en prendre aux animaux, mais s’il lui fallait tuer un chien pour sauver sa peau, elle n’hésiterait pas.

Malheureusement, elle n’avait qu’une balle et, d’après ce qu’elle entendait, une véritable meute patrouillait le jardin. Valait-il mieux rebrousser chemin ?

— Faites donc taire ces sales bêtes ! lança quelqu’un en espagnol, sur un ton irrité.

— Ils sont nerveux, monsieur, lui répondit-on. Ils ont dû sentir quelque chose.

— Alors, allez voir de quoi il s’agit et, par pitié, muselez ces maudites bestioles. Je veux reprendre les enchères dans le calme.

— Bien, don Oviedo.

Alexia perçut une série de grondements – sans doute les chiens n’appréciaient-ils pas de se voir passer la muselière. Elle s’était rassurée à l’idée qu’ils ne rôdaient pas en liberté. En revanche, elle ne pourrait éviter longtemps de se faire repérer. S’il en avait les apparences, le jardin n’avait pas l’immensité de la jungle.

Elle décida de risquer le tout pour le tout. Un mot avait retenu son attention dans le discours de don Oviedo : enchères.

Elle débarquait donc au bon moment. Un peu plus, et Jonas serait passé entre les mains d’un nouveau maître.

Brandissant pistolet et épée, Alexia surgit des fourrés. Elle remonta vivement l’allée pavée qui serpentait au milieu du jardin et déboula face à une curieuse assemblée.

— Quoi, encore ? s’énerva un petit homme aux cheveux luisant de graisse.

Il agita sa canne en direction de l’intruse.

— Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?

— Don Oviedo, je présume, fit Alexia.

— Qui êtes-vous ? répéta l’intéressé. J’exige une réponse !

Alexia ne la lui fournit pas. Son attention était accaparée par la demi-douzaine d’invités de l’hidalgo, confortablement installés dans des fauteuils en osier. Ils sirotaient une citronnade ou fumaient le cigare tout en profitant du spectacle offert par la poignée de gamins qui paradaient devant eux, attifés comme de petits singes savants. Jonas n’était pas parmi eux. Se trouvait-il encore dans la maison ? Ou avait-il déjà été cédé à son nouveau propriétaire ?

Mais Alexia eut soudain d’autres motifs d’inquiétude. Trois hommes armés et autant de molosses, pour l’instant tenus en laisse, remontaient l’allée à sa rencontre, lui coupant toute possibilité de retraite.

Elle réagit alors au quart de tour. Le canon du pistolet pointé sur le front de don Oviedo, elle s’écria :

— Un pas de plus et j’expédie votre maître en Enfer !

Bêtes et hommes se figèrent. Les leçons d’espagnol d’Aristide n’avaient pas été vaines, encore qu’il

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